Laissey possède en son sol une richesse insoupçonnée : l'un des plus
importants bassins miniers ferrifères de Franche-Comté ! Le village connut une
forte activité d'extraction de minerai durant tout le XIXème siècle.
L'engouement était tel et les experts si enthousiastes que certains projets un
peu fous, comme l'établissement d'un haut fourneau, furent évoqués.
A tel point que l'on se demande bien pourquoi le village ne fut pas rebaptisé
Laissey-les-Mines !
L'accès aux mines de fer est strictement interdit. Outre les dangers
éventuels dus à l'absence d'entretien des galeries, l'arrêté préfectoral de
protection de biotope DADUE/4B/n° 5024 du 13 octobre 1988
proscrit toutes actions ou tous travaux pouvant porter atteinte à la
tranquillité et à la survie des nombreuses chauves-souris qui y ont trouvé
refuge.
Les informations données dans cet article ne sont destinées qu'à apporter un
éclairage historique sur cette période industrielle de Laissey.
Etonnamment, le travail du fer n'est que très récent dans notre civilisation.
Ainsi, si l'âge du fer succède à l'âge du bronze vers 2650 avant Jésus-Christ en
Afrique, ce n'est que vers -1100 qu'il débute dans le monde méditerranée, puis
vers -800 dans le nord de l'Europe et bien plus tard en Asie, vers -500 en Chine
et en Inde et seulement au IIème siècle après Jésus-Christ au Japon
et au IIIème siècle en Mongolie.
Un bas fourneau primitif.
Cette relative proximité avec notre époque s'explique par la nécessité d'un
savoir-faire plus grand que pour le bronze et notamment une meilleure maîtrise
technique de l'art du feu pour atteindre des températures de 1 000 à
1 200 °C indispensables pour obtenir la liquéfaction du minerai de
fer.
Au début du IIème millénaire avant Jésus-Christ, l'invention du bas
fourneau au bois par les peuplades de Syrie du Nord marque les véritables débuts
de la métallurgie du fer, le minerai et les forêts étant présents en abondance
dans la région des monts Taurus. Avant cette découverte, les Egyptiens
utilisaient du fer météorique pour façonner des objets rituels ou guerriers.
Mais, ce métal étant d'une très grande rareté à la surface de la Terre, ces
pièces étaient réservées aux prêtres ou aux élites.
Cette nouvelle période de la protohistoire modernise considérablement les armes
et les outils domestiques utilisés jusqu'alors. L'organisation sociale apparue
avec l'âge du bronze se renforce avec la spécialisation de certains métiers
(artisans, mineurs et forgerons) et l'apparition de zones géographiques dédiées
aux activités métallurgiques (villages ou sites). Les échanges commerciaux à
grandes distances se développent, mais également les convoitises et l'insécurité
qui nécessitent la protection des gisements miniers et des voies commerciales.
Si l'Asie ne s'approprie que plus tardivement le travail du fer, elle rattrape
bien vite son retard. Ainsi, les Chinois inventent et développent dès le
Ier siècle de notre ère les hauts fourneaux au bois puis à la
houille, nationalisant même cette industrie sous la dynastie Han.
L'Occident adopte ou réinvente cette technique de production au
XIIème siècle en Scandinave, le transfert de la technologie chinoise
n'ayant jamais été prouvé et ce malgré l'existence de la route de la soie.
Cependant, le bas fourneau reste le procédé le plus utilisé durant le Moyen Âge
en Europe et il faut attendre le XVème siècle et la mise au point des
procédés d'affinage de la fonte (méthodes catalane, wallonne, comtoise et
champenoise) pour que se généralisent les hauts fourneaux au bois, d'abord en
Belgique, puis en France, en Allemagne et enfin en Angleterre.
Les termes bas ou haut ne désignent pas la hauteur physique du fourneau, mais
sa technique de production : dans un bas fourneau, la coulée est obtenue par
réduction directe, alors que dans un haut fourneau, elle est obtenue par
fusion. A leur apogée, certains bas fourneaux étaient plus imposants que
certains hauts fourneaux !
Améliorant considérablement la productivité et la qualité, les hauts fourneaux
au bois n'étaient cependant guère économiques et consommaient en moyenne
200 kg de minerai et 25 stères de bois pour produire seulement
50 kg de fonte. Bien qu'utilisé en tant que complément du bois dans les
forges dès le XVIIIème siècle, ce n'est qu'au début du
XIXème siècle que le coke est progressivement incorporé dans les
hauts fourneaux. Ce dérivé du charbon, d'un excellent rendement thermique, était
utilisé à la fois comme combustible et comme agent réducteur. En quelques
dizaines années, ces deux qualités lui permettent de supplanter totalement la
chauffe au bois et, malgré l'ancienneté du procédé, de survivre jusqu'à nos
jours.
Bien que méconnu, voire passé sous silence, la Franche-Comté a pourtant bel et
bien joué un rôle notable dans l'histoire sidérurgique française.
Les populations protohistoriques d'abord, puis gallo-romaines ensuite, ont
utilisé les minerais de la région dont la fusion dans les bas fourneaux
artisanaux était facilitée par la gangue calcaire servant naturellement d'agent
réducteur. La fabrication était sommaire et restreinte à des outils usuels et,
comme bien souvent, à de l'armement.
En 1296, Étienne de Villars, alors seigneur-abbé de Saint-Oyand (l'actuelle
Saint-Claude), écrit dans la charte de Mouthe les quelques lignes retranscrites
ci-dessous à propos de l'industrie métallurgique du Jura et du Haut-Doubs.
Aux seigneurs appartiennent les forges, fourneaux, martelleries, affineries,
... avec le droit d'extraire le minerai de fer sur les héritages de la
Seigneurie en payant, toutefois, le dommage que la traite occasionnera.
Étienne de Villars
Charte de Mouthe (1296)
Dès 1440, le bassin minier de Montbéliard est exploité pour l'alimentation du
bas fourneau d'Audincourt. A la même époque, les mines de fer des villages du
Haut-Doubs des Fourgs, de Longeville, de Métabief et d'Oye-et-Pallet alimentent
ceux de Pontarlier et de Rochejean. Pontarlier où, au cours du
XVIIIème siècle, est installée une fonderie de canons.
L'omniprésence des forêts dans la région et l'existence de plusieurs bassins
miniers ferrifères importants dans les départements du Doubs (Bournois,
Exincourt, Deluz, Laissey et Rougemontot) et du Jura (Dampierre et Ougney)
facilitent l'implantation de hauts fourneaux au bois dès le début du
XIXème siècle. Les forges et fonderies se multiplient aux abords des
rivières, l'énergie hydraulique étant essentielle à leur fonctionnement :
dans le Haut-Doubs à Rochejean, Pontarlier et Pont-de-Roide.
dans la Vallée du Doubs à Audincourt, Clerval, L'Isle-sur-le-Doubs et Torpes.
dans la Vallée de la Loue à Chenecey et Châtillon-sur-Lison.
dans la Vallée de l'Ognon à Loulans, Larians, Montagney et Moncley.
dans la plaine du Jura à Fraisans et Rans.
Profitant de cet essor, de nombreuses entreprises de transformation se créent et
se spécialisent dans la construction mécanique, la fabrication de casseroles ou
d'outillages à main (Montécheroux), ...
L'euphorie sera cependant de courte durée. Dès les années 1850, l'arrivée de la
métallurgie au coke remplace progressivement, mais définitivement, la
métallurgie au bois. Associée au développement des moyens de communication, elle
impacte gravement la rentabilité des mines et des forges franc-comtoises au
profit des installations lorraines, notamment celles du bassin ferrifère de
Briey, le plus puissant d'Europe à cette époque.
L'exploitation des mines de fer cesse, les dernières fermant vers 1885 à Laissey
et à Exincourt. Quant aux hauts fourneaux, ils s'éteignent les uns après les
autres en quelques années seulement. De nombreux maîtres de forges sont ruinés,
en particulier en Haute-Saône, provoquant la mise en faillite des usines et la
mise au chômage de centaines d'ouvriers.
Ironie de l'histoire, les mines de Meurthe-et-Moselle subiront à leur tour
dans les années 1960 les assauts d'une nouvelle concurrence, celle des
gisements d'outre-mer. Et avec elle, le long chemin de croix de la sidérurgie
française...
Au début du XXème siècle, seule une poignée de hauts fourneaux et de
fonderies subsiste, notamment à Audincourt avec la Compagnie des Forges
d'Audincourt et Dépendances et à Fraisans et à Rans avec la Compagnie des hauts
fourneaux et forges de Franche-Comté. Ils ne doivent leur survie que grâce à la
capacité de leurs propriétaires d'avoir pu, malgré les difficultés, investir et
engager d'importants travaux de modernisation.
Malgré cette déconfiture, l'industrie métallurgique manufacturière s'implante
durablement en Franche-Comté et représente, encore aujourd'hui, 62 % des
emplois industriels dans des secteurs comme la construction automobile (berceau
de Peugeot), les machines-outils, le forgeage, l'usinage, le décolletage, ...
Grâce à ce passé lointain, parfois chaotique, la Franche-Comté est devenue la
première région industrielle de France !
Dès le début du XIXème siècle, Laissey compte plusieurs petites mines
de fer qui alimentent les hauts fourneaux au bois de la région, notamment celui
installé dans l'abbaye de la Grâce-Dieu à Aïssey (en activité entre 1800 et
1840). L'exploitation est très artisanale, peu active et réalisée sans réel
cadre juridique.
Il faut attendre l'année 1830 et l'arrivée des frères Auguste et Louis Bouchot,
maîtres de forges à Clerval et à L'Isle-sur-le-Doubs, pour qu'une première
extraction souterraine d'importance débute. La concession des mines de Laissey
(2,34 hectares) et sa mine de "Laissey est" alimentent leurs deux hauts
fourneaux de Clerval.
En 1853 et 1854, d'importantes études géologiques sont réalisées et, en 1856, le
territoire communal est découpé en lots cédés à différentes compagnies en vue
d'améliorer significativement l'extraction du minerai et la productivité ainsi
que la collecte des redevances d'exploitation. Avec un gisement estimé entre 14
à 15 millions de tonnes, le plus grand bassin de minerai de fer du
département du Doubs est ainsi partagé en trois concessions auxquelles s'ajoute
celle de Roulans en 1863 pour une superficie totale de 727,4 hectares.
S'étendant à la fois sur la rive gauche et sur la rive droite du Doubs, elles
sont scindées en deux parties sensiblement égales :
sur la rive gauche (372,4 hectares) :
la concession de Laissey : 310,20 hectares.
la concession du Jay-Rouge : 62,20 hectares.
sur la rive droite (355 hectares) :
la concession de Roulans : 276 hectares.
la concession de Souvance : 79 hectares.
À partir du milieu des années 1850, le minerai de fer de Laissey entre
progressivement dans la consommation courante des hauts fourneaux francs-comtois
de Clerval (Doubs), Chagey (Haute-Saône) et Fraisans (Jura) ainsi que dans celle
des grands hauts fourneaux du Creusot (Saône-et-Loire), de Chasse-sur-Rhône et
Givors (Rhône), de Firminy, Rive-de-Gier et Terrenoire (Loire).
La ligne ferroviaire de Dijon à Mulhouse nouvellement créée ainsi que le canal
du Rhône au Rhin facilitent le transport et l'exportation du minerai laisséen et
du village voisin de Deluz hors des frontières régionales. Les exploitations de
la rive droite du Doubs sont desservies par un embranchement particulier du
P.L.M., ancêtre de la SNCF. La mine de Froide-Oreille (concession de Souvance)
bénéficie également de son propre ponton d'accostage dont on voit aujourd'hui
encore quelques vestiges. Quant aux mines de la rive gauche, elles sont
desservies par un port construit par la Société des fonderies et forges du
Creusot à l'embouchure actuelle du Rognon (inexistante à cette époque), dont on
devine également encore l'existence.
Un haut fourneau au bois du XIXème siècle.
En 1855, appartenant à Denis-Auguste Pelletier, la mine de Froide-Oreille
approvisionne les hauts fourneaux du Midi de la France et génère un chiffre
d'affaires de 7 175 francs.
En 1858, dix-huit ouvriers travaillent dans la mine de "Laissey est" exploitée
par Auguste Bouchot. Alimentant essentiellement ses deux hauts fourneaux de
Clerval, son chiffre d'affaires est de 18 000 francs.
À partir de 1860, la production s'accroît fortement, bien aidée par les
techniques d'exploitation modernes mises en œuvre par les ingénieurs des mines
des différentes compagnies. En 1861, 30 000 tonnes de minerai sont
extraites dont 3 000 tonnes pour les seules fonderies de Clerval. En
1862, soixante-dix ouvriers travaillent aux mines de "Laissey est" et du
Jay-Rouge. En 1865, quarante manœuvres retirent de la mine de Froide-Oreille
17 650 tonnes valant 65 160 francs. L'euphorie sera
cependant de courte durée...
Le déclin
En quelques années seulement, le déclin des mines de fer de Laissey s'amorce. La
qualité du minerai et la main d'œuvre peu onéreuse ne compensent
malheureusement pas les coûts de transport et le rendement à la tonne dans un
haut fourneau de 25 % en moyenne contre 30 à 34 % habituellement pour
la minette lorraine. Ainsi, la production de la mine de "Laissey est", rachetée
par La Société des fonderies et forges du Creusot, chute rapidement :
1862 : 12 544 tonnes ;
1863 : 18 985 tonnes ;
1864 : 16 938 tonnes ;
1865 : 5 289 tonnes ;
1866 : cessation de son exploitation par la compagnie, le gisement étant
épuisé.
Quant à la mine de Froide-Oreille, le scénario est identique : de
19 114 tonnes en 1861, la production tombe à 1 788 tonnes
en 1864.
En 1872, c'est au tour de la mine de Jay-Rouge d'être abandonnée par La Société
des fonderies et forges du Creusot (filiale de Schneider et compagnie). Pourtant
acquise en 1866, la mine est jugée peu rentable malgré les lourds
investissements réalisés par ses ingénieurs pour faciliter son exploitation et
améliorer sa productivité.
L'entrée de la mine
de Roulans.
Malgré l'abandon du bassin minier de la rive gauche par les grandes compagnies,
l'extraction du minerai de la rive droite continue d'être poursuivie par de
petites entités locales aux méthodes plus artisanales, mais également moins
coûteuses, garantissant un coût d'exploitation attractif. Indépendamment des
quantités fournies au Creusot, ce sont plus de 200 000 tonnes de
minerai qui sont livrés jusqu'en 1885 aux différents hauts fourneaux
précédemment mentionnés.
Le 25 juillet 1887, les quatre concessions de Laissey, du Jay-Rouge, de Souvance
et de Roulans sont réunies par décret présidentiel et attribuées à
Jean-François Sarrazin et Lucien Besson. Cette même année, le 22 juin, la
commune de Laissey gagne un procès esté contre la Société des fonderies et
forges du Creusot. Bien que n'exploitant plus aucune mine à Laissey depuis 1872,
l'entreprise possède toujours deux concessions juridiquement valides. Par
conséquent, elle est reconnue comme toujours redevable des taxes annuelles
d'exploitation.
En 1894, un projet de construction d'un haut fourneau à Laissey est évoqué,
dernier baroud d'honneur pour résister à la concurrence féroce de la fonte
produite en Meurthe-et-Moselle, notamment en provenance du bassin ferrifère de
Briey, le plus puissant d'Europe à cette époque. La métallurgie au coke (fonte
du minerai de fer avec du charbon) supplantant définitivement la métallurgie au
bois, cette nouvelle technique de production impacte gravement la rentabilité
des mines de fer de Laissey et, plus globalement, toutes celles de
Franche-Comté.
Ainsi, l'étude Notice sur les mines de fer de Laissey (Doubs) : projet
d'établissement de haut fourneau donnait les prix de revient suivants en
sortie d'usine pour une tonne de fonte de moulage produite localement (sous
réserve de la construction d'un tel équipement à Laissey) :
production à Laissey
production en Meurthe-et-Moselle
rendement du minerai
25 %
30 %
coût du minerai
6,00 frs
10,00 frs
coût du coke pour alimenter le haut fourneau
35,52 frs
25,05 frs
frais de fabrication
7,15 frs
6,25 frs
prélèvements obligatoires
2,41 frs
2,10 frs
totaux
51,08 frs
43,40 frs
Malgré des frais d'extraction réduits à 1,50 francs la tonne au lieu de
3 francs, avec une différence finale de 7,68 francs en faveur de la
fonte produite en Meurthe-et-Moselle, la construction d'un haut fourneau à
Laissey n'était pas envisageable. Le coke devant en plus être importé,
l'investissement de 2 millions de francs eut été très difficilement
rentabilisé. La production lorraine ayant tout pour elle (meilleur rendement,
mines de fer et de charbon locales et présence d'une industrie sidérurgique
forte), le déclin des mines de Laissey devenait irrémédiable.
Et, en 1896, devant également faire à face à des soucis administratifs
concernant le montant de la redevance à reverser à la commune de Laissey pour
les différentes concessions (200 francs / an même si les mines ne
sont pas exploitées selon le Décret royal du 9 septembre 1842), Jean-François
Sarrazin jette l'éponge et met un terme définitif à l'extraction de minerai de
fer du bassin de Laissey. Il décède le 4 juillet 1900 à l'âge de 72 ans.
Son fils Paul, diplômé de l'École nationale supérieure des mines de
Saint-Étienne, doit abandonner ce métier avant même de l'avoir commencé et
rejoint l'administration centrale du P.L.M. à Paris. Les quelques rares fidèles
ouvriers retrouvent du travail dans l'entreprise de fabrication de pinces
nouvellement créée au village, Bost Frères.
Si l'exploitation des mines de la rive gauche du Doubs était en sommeil depuis
1866 pour la mine de "Laissey est" et depuis 1872 pour celle de Jay-Rouge, il
semble qu'il en fut également de même à partir des années 1870 pour celles de la
rive droite. Seule la mine de Froide-Oreille, qui fut la plus durable de
Franche-Comté et la dernière en activité dans la région, fournissait encore du
minerai de fer à quelques hauts fourneaux locaux. Mais, la production était
au ralenti voire inexistante à partir de 1885.
En 1945, suite à la nationalisation des Forges de Franche-Comté, les quatre
concessions sont attribuées à Électricité de France (EDF), les familles Besson,
Sarrazin et Thiébaut en restent malgré tout les propriétaires. Cette situation
ubuesque valut une bataille juridique entre ces familles et EDF afin de
contraindre cette dernière à prendre en charge la mise en sécurité des sites
comme elle s'y était engagée.
L'entrée de la mine
de "Laissey est".
En avril 1988, un arrêté du Ministre de l'industrie, des PTT et du tourisme
entérine une situation de fait en mettant fin aux quatre concessions de Laissey,
du Jay-Rouge, de Souvance et de Roulans mettant ainsi un terme à plus de
quatre-vingt dix années d'inactivité. Elles sont replacées dans la situation de
gisements dits ouverts aux recherches.
Aujourd'hui, les accès aux mines de fer sont murés ou condamnés par des grilles
de protection. En effet, de nombreuses chauves-souris y ayant trouvée refuge,
l'arrêté préfectoral de protection de biotope DADUE/4B/n° 5024 du
13 octobre 1988 interdit toutes actions ou tous travaux pouvant porter
atteinte à la tranquillité et à la survie des chiroptères.
L'accès aux parties souterraines des mines est strictement réservé aux
archéologues titulaires d'une autorisation délivrée par le Ministre de la
culture et aux naturalistes ou scientifiques munis d'une autorisation délivrée
par le Secrétaire d'État chargé de l'environnement.
La légende de la tour Eiffel
La légende raconte que du minerai de Laissey entra dans la composition du fer
puddlé des poutrelles qui servirent à bâtir la tour Eiffel ! Mais, est-ce
vraiment une légende ?
Au début de l'année 1887, les forges Dupont et Fould de Pompey (Lorraine)
remportèrent le contrat avec les ateliers Eiffel. Elles s'approvisionnèrent
auprès des mines de Ludres (Lorraine) qui, avec 7 000 tonnes,
fournirent l'essentiel du minerai de fer consommé. Mais, pour les aider à
honorer cette grosse commande, Dupont et Fould durent faire appel aux forges
Munier à Frouard (Lorraine), mais également à celles du Creusot et de Fraisans
(Jura).
Les forges de Fraisans produisirent 2 200 tonnes de poutrelles pour la
construction du premier étage de la tour. Elles furent acheminées à l'aide de
onze péniches via Dole, Dijon puis Paris en octobre ou novembre 1887 jusqu'au
pont d'Iéna où elles furent déchargées au pied du chantier.
Sachant que la mine de Froide-Oreille, la dernière en activité au village à
cette époque, fournissait ce lieu de production et que le minerai laisséen était
considéré comme de très bonne qualité, il se peut qu'il soit entré dans la
consommation des hauts fourneaux fraisanois. A contrario, dès 1885, la
production était quasiment à l'arrêt. Cependant, rien ne dit qu'un dernier
effort ne fut pas fait pour honorer cette commande prestigieuse. Le mystère
demeure donc entier...
L'impact démographique sur le village
L'exploitation des mines de fer attira de nombreux ouvriers des environs, mais
également d'autres régions françaises voire étrangères avec l'arrivée d'une
forte communauté italienne et des familles Auberto, Colombo, Drovetto, Giacomo,
Giono, Marchiano, Scarduelli et Siberario.
L'un de ces travailleurs les plus célèbres est Antoine Bost qui quitta son
village natal de Saint-Just-de-Baffie (Puy-de-Dôme) à la fin des années 1850
pour s'installer à Laissey. Manœuvre puis contremaître, il se maria le
2 janvier 1860 avec Zoïle Courtot de Clerval, certainement rencontrée
dans le cadre de son métier. L'un de leurs dix enfants n'est autre que Élisée
Bost qui, avec trois de ses frères, fondèrent en 1891 la société Bost, fabricant
mondialement connu de pinces et de tenailles qui fit la renommée et la
prospérité de Laissey.
En ajoutant les besoins en mains d'œuvre dus à la construction concomitante de
la ligne de chemin de fer de Dijon à Mulhouse, la population de Laissey
s'accrût de 117 personnes entre les recensements de 1841 et de 1861 et
passa de 153 à 270 habitants, soit 76 % d'augmentation en vingt ans ! Mais,
l'arrêt de l'exploitation de la concession de Laissey en 1866 puis de celle du
Jay-Rouge en 1872 par la Société des fonderies et forges du Creusot annoncèrent
le déclin des mines. Conjugué à la fin des travaux ferroviaires, le village
perdit 51 personnes entre onze ans et sa population chuta à
219 habitants en 1872.
Pour héberger tous ces nouveaux ouvriers et face à un manque cruel de logements,
la compagnie creusotine construisit en 1867 une petite cité ouvrière de six
maisons, chacune comprenant quatre logements de deux pièces. Elles existent
toujours aux numéros 40, 42, 46, 50, 52 et 54 de la Grande Rue actuelle dont
l'ancienne poste qui abrite aujourd'hui le musée de la pince.
Le 18 mai 1886, Schneider et compagnie les revendit par adjudication à des
particuliers pour un prix moyen de 1 300 francs payable en quatre
mensualités annuelles à un taux d'intérêt de 5 %. Pour garantir le
remboursement de ce prêt, les acheteurs furent obligés d'assurer leurs maisons,
pratique peu courante à l'époque. Le puits était commun pour les habitations des
lots numéros 3, 4, 5 et 6 et ses frais d'entretien étaient à partager entre les
quatre propriétaires. Le sixième lot sera acquis par Auguste Devillers.
Ci-dessous, une liste non exhaustive des mineurs et des "mineuses" ayant
participé à l'exploitation du bassin ferrifère de Laissey. Le plus ancien fut
recensé en 1814 et le dernier en 1896.
La période de recensement correspond aux dates pour lesquelles un ou plusieurs
actes d'état civil ont été enregistrés (mariage, décès ou naissance d'un
enfant). Par conséquent, les mineurs ne sont pas tous répertoriés, car certains
d'entre eux ne se sont pas mariés ou ne sont pas décédés à Laissey ou ils n'ont
pas eu d'enfants nés au village. D'autre part, la profession n'est
malheureusement pas toujours renseignée dans le registre d'état civil de la
commune. Ainsi, de nombreuses personnes mentionnées comme journalier devaient
certainement être embauchées à la journée ou à la semaine aux mines.
nom
période de recensement
remarques
AUBERTO Antoine
1858 et 1861 à 1863
BERTHIER François
1866
employé aux mines du Creusot
BOILOT Claude François
1855 à 1867
né le 23/09/1829 à Laissey et décédé le 30/01/1908 à Deluz ;
époux de Jeanne Louise Boilot (mariés le 14/11/1854)
BOILOT Jeanne Louise
1855 et 1867
née Palantin le 03/02/1835 à Laissey et décédée le 13/03/1906 à Laissey ;
épouse de Claude François Boilot
La seule femme travaillant aux mines ?
BOST Antoine
1861 et 1879
né le 22/04/1838 à Saint-Just-de-Baffie(Puy-de-Dôme) et décédé le 08/02/1911 à Laissey
chef mineurs à partir de 1872 ; père d'Élisée Bost, le fondateur de la société Bost
BOVE FORGIOT Pierre Jean Baptiste
1857 et 1859
né le 11/03/1827 (région du Piémont, Italie)
chef mineurs
COLOMBO Jean Marie
1861
CORROTTE Auguste
1861
né le 30/05/1830 à Laissey et décédé le 22/03/1881 à Laissey
CORROTTE Jean François
1862
né le 20/06/1833 à Laissey
CORROTTE Nicolas Isidore
1862
né le 18/04/1834 à Laissey et décédé le 29/10/1911 à Laissey
DOUCOT Jean Claude
1864
né le 09/01/1834 à Baume-les-Dames
DROVETTO Joseph Marie Martin
1863
né le 13/07/1827 à Oglianico (Piémont, Italie)
FLORIOT Antoine
1858 à 1866
de son vrai nom FIORIO, né vers 1830 (région du Piémont, Italie)
GIACOMO Louis
1866
employé au mines du Creusot
GIONO J.B. Barthelemi
1859
JOURNE ou JOURNET Jacques
1863
né à Duminiac, commune d'Allègre (Haute-Loire)
MARCHANDET Henri
1864
né le 02/08/1839 à Maco (Haute-Savoie)
MARCHIANO Pierre
1861
MICHEL Lazare
1862
PALANTIN François Victor
1867
né le 19/11/1836 à Corcelle-Mieslot (Doubs) et décédé le 15/07/1867 à Laissey
PERCEVALLE Claude
1863
PONCOT Célestin
1864
ROBERT Jacques
1814
le plus ancien mineur recensé
ROBERT Désiré Constant
1876
né le 24/04/1842 à Laissey et décédé le 01/07/1898 à Laissey
chef mineurs
SCARDUELLI Céleste Antoine
1894 à 1896
le dernier mineur recensé
SIBERARIO Dominique
1858
TRAMUS Joseph
1863
L'étude géologique du bassin minier
Le bassin minier ferrifère laisséen est l'un des plus importants de
Franche-Comté. Des analyses chimiques ont démontré qu'il s'étend bien au-delà
des frontières de la commune, vers l'est en direction de Aïssey et vers le nord
en direction du Val-de-Roulans et ce jusqu'aux gîtes des collines
préjurassiennes du Val de l'Ognon.
La couche de minerai de fer hydroxydé oolithique en roche renferme très peu de
fossiles et présente une épaisseur utile de trois à quatre mètres à
Laissey, Deluz et Rougemontot, mais elle s'atténue au fur et à mesure que l'on
s'approche de la Haute-Saône avec seulement 0,45 mètre à Bournois. Cette
réduction de puissance s'explique par celle du terrain jurassique où la couche
de fer repose directement sur les marnes du lias.
Oolithique : agglomération de très petits grains arrondis qui ressemblent à
des œufs de poisson.
En ce qui concerne la région de Laissey, la couche de fer est déposée dans un
massif rocheux brisé en deux parties par les convulsions géologiques ayant donné
naissance à l'étroite Vallée du Doubs. Elle s'appuie sur un banc de calcaire à
entroques du premier étage jurassique d'une douzaine de mètres d'épaisseur.
Cette fracture s'explique par la présence d'une faille née de deux déplacements,
l'un de glissement et l'autre de rotation, et qui ont eu pour effet d'affaisser
les strates de la rive droite du Doubs d'une hauteur de 150 mètres. Cette
faille va se perdre au sud de Fourg, dans la forêt de Chaux, passe par Byans,
Vorges-les-Pins, Busy, Larnod, Beure, Morre, Montfaucon, Vaire-Arcier, Deluz,
Baume-les-Dames et paraît se terminer vers Hyèvre-Paroisse. Elle sert également
de véhicule aux eaux des sources d'Arcier qui étaient acheminées dès l'époque
romaine par un aqueduc jusqu'à la ville de Vesontio (Besançon).
J3
:
Bathonien, troisième étage du Jurassique moyen (calcaire oolithique)
J2
:
Bajocien, deuxième étage du Jurassique moyen (calcaire oolithique ferrugineux)
Fe
:
couche de minerai de fer
l4
:
Toarcien, quatrième et dernier étage du Jurassique inférieur (calcaires à entroques et marnes)
l3
:
Pliensbachien, troisième étage stratigraphique du Jurassique inférieur (marnes)
l2
:
Sinémurien, deuxième étage du Jurassique inférieur (calcaires argileux et marnes)
a2
:
alluvions (sables fins argileux, limons argileux et marnes peu plastiques)
Il en résulte que, sur la rive droite du Doubs (concessions de Souvance et de
Roulans), la couche de fer est inclinée de 25 à 30 degrés par rapport à
l'horizontal et même de 50 à 55 degrés dans le cas de la mine de
Froide-Oreille et dans un sens particulièrement favorable à son exploitation.
A contrario, sur la rive gauche (concessions du Jay-Rouge et de Laissey), son
inclinaison n'est que de 15 à 16 degrés et dans un sens défavorable. De
fait, afin d'améliorer la productivité de la mine de Jay-Rouge en centralisant
l'ensemble des sorties de minerai pour faciliter leur embarquement, d'importants
travaux furent réalisés dans les années 1860 par la Société des fonderies et
forges du Creusot avec le percement d'une galerie de roulage, toujours visible à
côté de la cascade du Rognon, et d'une bure reliant le travers-banc à la mine.
Vers les années 1890, deux ingénieurs du Corps des mines, Henri Résal et Marcel
Peschart d'Ambly, et un professeur de géologie à la Faculté des sciences de
Besançon, Alexandre Vézian, tentèrent de déterminer la quantité théorique que
pouvait encore produire le bassin minier à Laissey. D'après leurs estimations,
1 620 000 tonnes de minerai pouvaient encore être extraits de la
seule concession de Souvance (79 hectares) et ce en ne supposant
l'enlèvement que d'une moitié de la couche sur une étendue réduite à
40 hectares et sans tenir compte ni du pendage ni du dépilage par le feu,
techniques d'exploitation habituellement utilisées à l'époque.
Sachant que les trois autres concessions ont huit fois l'étendue utile de celle
de Souvance et qu'elles présentent une couche identique en puissance, régularité
et richesse, les quatre concessions réunies pouvaient théoriquement encore
produire 14 580 000 tonnes de minerai, hypothèse la plus basse.
En utilisant des méthodes d'exploitation telles que le boisage, l'épuisement,
le pendage et ou le dépilage par le feu, la quantité disponible pouvait être
doublée, soit de 28 à 30 millions de tonnes, les extractions antérieures
étant considérées comme négligeables.
La composition chimique des minerais de Laissey
D'un poids moyen de 1 600 kilogrammes le mètre cube, les minerais de
Laissey peuvent être classés en trois grandes familles de dureté : tendre, moyen
et dur, les deux premières étant largement dominantes.
L'étude Statistique géologique, minéralogique et minéralurgique des
départements du Doubs et du Jura d'Henri Résal en donne les analyses
suivantes effectuées par M. Minary :
composé chimique
minerai tendre
minerai de dureté moyenne
minerai dur
silice
0,225
0,141
0,091
silicate d'alumine
0,045
0,029
0,014
alumine soluble
0,020
0,015
0,011
sesquioxyde de fer
0,469 (fer 0,328)
0,399 (fer 0,279)
0,359 (fer 0,2625)
acide carbonique
0,095
0,157
0,207
acide phosphorique
0,000
0,000
0,000
chaux
0,120
0,201
0,264
eau et perte
0,026
0,058
0,054
totaux
1,000
1,000
1,000
Étant données leurs faibles teneurs en phosphore, les minerais de Laissey
étaient considérés comme de bonne qualité et convenaient parfaitement à la
fabrication des fontes de moulage. En effet, celles fabriquées à partir des
gisements laisséens ne contenaient que 1 % de cet élément chimique alors
que celles de Nancy en renfermaient 1,4 % et celles de Longwy jusqu'à
2 %. Cette qualité suffisait en 1894 à assurer une plus-value de cinq à
six francs par tonne produite et ne nécessitait pas de procéder à sa
déphosphoration. Mieux encore, il pouvait entrer dans la charge d'un haut
fourneau au coke dans une proportion de 4/5, le restant étant formé de minerais
siliceux et alumineux. Il évitait ainsi l'emploi de la castine.
Castine : pierre calcaire utilisée en fonderie de fonte comme fondant et comme
épurateur pour le minerai de fer.
Seul véritable inconvénient, les minerais de Laissey ne rendaient que 25 %
en moyenne dans un haut fourneau contre 30 à 34 % pour ceux de
Meurthe-et-Moselle. Pour obtenir une tonne de fonte de moulage en 1894, les prix
de revient en sortie d'usine étaient les suivants :
minerai de Laissey
minerai de Meurthe-et-Moselle
rendement du minerai dans un haut fourneau
25 %
30 %
34 %
quantité de minerai pour une tonne de fonte produite
4 tonnes
3,3 tonnes
2,9 tonnes
quantité de coke pour alimenter le haut fourneau
1430 kg
1250 kg
1075 kg
prix de revient
51,08 frs
43,40 frs
38,14 frs
Avec une différence minimale de 7,68 francs la tonne en faveur de la fonte
produite en Meurthe-et-Moselle, le déclin des mines de Laissey était
inéluctable. D'autant plus que la production lorraine avait tout pour
elle : meilleurs rendements, mines de fer et de charbon locales et présence
d'une industrie sidérurgique forte. Cependant, dès les années 1960, elle subira
à son tour les assauts d'une nouvelle concurrence, celle des gisements
d'outre-mer qui rendent 60 % en moyenne dans un haut fourneau et sont moins
riches en phosphore et en arsenic. Et avec elle, le long chemin de croix de la
sidérurgie française...
La concession de Laissey et la mine de "Laissey est"
Dès le début du XIXème siècle et bien avant la création de la
concession de Laissey en 1830, le lieu était déjà fréquenté par quelques pauvres
bougres qui remplissaient des paniers de minerai pour alimenter les petits hauts
fourneaux au bois de la région, notamment celui installé dans l'abbaye de la
Grâce-Dieu à Aïssey (en activité entre 1800 et 1840).
L'arrivée en 1830 des frères Auguste et Louis Bouchot, maîtres de forges à
Clerval et à L'Isle-sur-le-Doubs, fit naître une réelle exploitation
industrielle et commerciale du bassin minier laisséen avec la première
extraction souterraine et l'ouverture de la mine de "Laissey est" qui alimentait
leurs deux hauts fourneaux de Clerval.
Forte de nombreuses extensions successives (de 2,34 hectares au départ à
310,20 hectares au final), la plus ancienne et la plus importante
concession du village connut quatre propriétaires et fut définitivement
abandonnée en 1866.
Fait singulier, le 22 juin 1887, la commune de Laissey gagna un procès esté
contre la Société des fonderies et forges du Creusot (filiale de Schneider et
compagnie). Bien que n'exploitant plus les concessions de Laissey et du
Jay-Rouge depuis respectivement les années 1866 et 1872, l'entreprise en était
toujours légalement la propriétaire. Par conséquent, elle fut reconnue comme
redevable des taxes annuelles d'exploitation non versées depuis 1867.
Concession de Laissey
date de création
traité du 1er juin 1830
Cliquez pour agrandir la carte.
date d'abandon
1866
date de résiliation
arrêté du Ministre de l'industrie, des PTT et du tourisme d'avril
1988
localisation
sur la rive gauche du Doubs, sur les communes de Laissey et
de Champlive
superficie
310,20 hectares
mine exploitée
mine de "Laissey est"
Exploitants
avant 1830
pas de réelle exploitation commerciale, mais quelques pauvres bougres
remplissant des paniers de minerai à ciel ouvert
traité du 1er juin 1830
les frères Auguste et Louis Bouchot, maîtres de forges à Clerval et à
L'Isle-sur-le-Doubs, contre une redevance annuelle d'exploitation de
250 francs
ordonnance royale du 9 septembre 1842
les frères Bouchot contre une redevance d'exploitation de
70 francs par mètre cube extrait.
superficie de la concession : 2,34 hectares.
15 septembre 1847
les frères Bouchot introduisent une demande en extension de la
concession à 10 hectares malgré l'avis défavorable de la
commune de Laissey
novembre 1851
les frères Bouchot renoncent à leur demande de 1847 et souhaite
une extension de la concession non plus sur le territoire de
Laissey, mais sur celui de Champlive
décret impérial du 26 novembre 1853
extension de la superficie de la concession accordée à Auguste Bouchot
décret impérial du 19 août 1856
Auguste Bouchot.
superficie de la concession : 24,22 hectares.
année 1859
le dernier des frères Bouchot décède sans successeur et la Compagnie
des forges d'Audincourt reprend ses hauts fourneaux de Clerval
ainsi que la concession
9 juillet 1860
la Société des fonderies et forges du Creusot, filiale de Schneider
et compagnie, rachète la concession aux forges d'Audincourt pour un
montant de 35 000 francs pour seconder ses mines de
Mazenay-Change
décret impérial du 22 juillet 1863
Société des fonderies et forges du Creusot avec une autorisation
d'extension sur les communes de Laissey et de Champlive
1866
le gisement de la mine de "Laissey est" étant épuisé, la Société des
fonderies et forges du Creusot cesse l'exploitation de la
concession et rachète à la Compagnie des forges d'Audincourt celle
du Jay-Rouge
mai 1886
Jean-François Sarrazin et Lucien Besson rachètent à la Société des
fonderies et forges du Creusot les concessions de Laissey et du
Jay-Rouge
décret présidentiel du 25 juillet 1887
Jean-François Sarrazin et Lucien Besson
1896
suite à des soucis concernant le montant de la redevance à reverser à
la commune de Laissey, Jean-François Sarrazin et Lucien Besson
souhaitent renoncer à leurs droits sur la concession
4 juillet 1900
décès de Jean-François Sarrazin à l'âge de 72 ans
1945
Électricité de France (EDF), les familles Besson, Sarrazin et Thiébaut
en restant malgré tout les propriétaires (nationalisation des Forges de
Franche-Comté)
avril 1988
fin de la concession par arrêté du Ministre de l'industrie, des PTT et
du tourisme (replacée dans la situation d'un gisement dit ouvert
aux recherches)
Première exploitation commerciale et souterraine du bassin minier laisséen, la
mine de "Laissey est" fut creusée en 1830 et connut une période d'activité assez
longue jusqu'à son abandon en 1866, le gisement étant épuisé.
En 1858, dix-huit ouvriers y travaillaient pour un chiffre d'affaires généré de
18 000 francs.
Mine de "Laissey est"
période d'activité
de fin 1830 à 1866
localisation
sous le château de Vaîte
superficie
0,02 hectare
altitude
entrée située à 38 mètres
inclinaison de la couche de minerai
16 degrés par rapport à l'horizontal dans un sens défavorable à son
exploitation
technique d'extraction
une galerie principale et dix-sept galeries d'allongement
perpendiculaires à sa gauche et seize à sa droite
haut fourneaux approvisionnés
Aïssey (Doubs), Clerval (Doubs) et Le Creusot (Saône-et-Loire)
production totale
de 1830 à 1861 : inconnue.
1862 : 12 544 tonnes valant 47 000 francs.
1863 : 18 985 tonnes.
1864 : 16 938 tonnes.
1865 : 5 289 tonnes.
1866 : cessation de son exploitation, le gisement étant épuisé.
divers
entrée libre d'accès
Afin de pallier l'épuisement de la mine de "Laissey est" qui s'annonçait,
quelques essais furent menés sur la concession de Laissey pour tester la
pertinence d'une éventuelle nouvelle extraction. Visiblement, sans grand succès,
aucune autre exploitation n'ayant été ouverte sur le périmètre concerné.
Essai visible depuis la route départementale n° 30
période d'essais
années 1860 ?
localisation
le long de la route départementale n° 30 menant à Champlive, vers
le grand tunnel
superficie
cavité longue de deux ou trois mètres
inclinaison de la couche de minerai
certainement identique à celle de la mine de "Laissey est" (16 degrés)
divers
entrée condamnée par un mur en parpaings
La concession du Jay-Rouge et la mine de Jay-Rouge
La concession du Jay-Rouge fut la plus petite du bassin minier laisséen et
semble n'avoir été créée en 1856 que dans le but d'exploiter la mine éponyme du
Jay-Rouge. Elle eut la particularité d'avoir été la propriété d'une grande
compagnie extérieure à la région, la Société des fonderies et forges du Creusot,
une filiale de Schneider et compagnie, un géant sidérurgique à l'époque.
Faute d'une rentabilité suffisante, elle fut abandonnée en 1872 et ce malgré
d'importants travaux de modernisation réalisés en 1866 par la compagnie du
Creusot.
Fait singulier, le 22 juin 1887, la commune de Laissey gagna un procès esté
contre ladite Société des fonderies et forges du Creusot. Bien que n'exploitant
plus les concessions de Laissey et du Jay-Rouge depuis respectivement les années
1866 et 1872, l'entreprise en était toujours légalement la propriétaire. Par
conséquent, elle fut reconnue comme redevable des taxes annuelles d'exploitation
non versées depuis 1873.
Concession du Jay-Rouge
date de création
décret impérial du 19 août 1856
Cliquez pour agrandir la carte.
date d'abandon
1872
date de résiliation
arrêté du Ministre de l'industrie, des PTT et du tourisme d'avril
1988
localisation
sur la rive gauche du Doubs, sur la commune de Laissey
superficie
62,20 hectares
mine exploitée
mine de Jay-Rouge
Exploitants
décret impérial du 19 août 1856
Compagnie des forges d'Audincourt
9 juillet 1860
Compagnie des forges d'Audincourt
décret impérial du 22 juillet 1863
Compagnie des forges d'Audincourt
1866
le gisement de la mine de "Laissey est" étant épuisé, la Société des
fonderies et forges du Creusot (filiale de Schneider et compagnie)
rachète à la Compagnie des forges d'Audincourt la concession et
entreprend de grands travaux de modernisation
1872
la jugeant peu rentable, la Société des fonderies et forges du Creusot
cesse l'exploitation de la concession malgré les lourds investissements
réalisés en 1866
mai 1886
Jean-François Sarrazin et Lucien Besson rachètent à la Société des
fonderies et forges du Creusot les concessions de Laissey et du
Jay-Rouge
décret présidentiel du 25 juillet 1887
Jean-François Sarrazin et Lucien Besson
4 juillet 1900
décès de Jean-François Sarrazin à l'âge de 72 ans
1945
Électricité de France (EDF), les familles Besson, Sarrazin et Thiébaut
en restant malgré tout les propriétaires (nationalisation des Forges de
Franche-Comté)
avril 1988
fin de la concession par arrêté du Ministre de l'industrie, des PTT et
du tourisme (replacée dans la situation d'un gisement dit ouvert
aux recherches)
La mine de Jay-Rouge fut la seule du bassin minier laisséen à avoir bénéficié
d'une grande attention pour assurer son exploitation dans les meilleures
conditions en vigueur à l'époque. Ainsi, dès son rachat en 1866 par la Société
des fonderies et forges du Creusot pour seconder ses mines de Mazenay-Change,
ses ingénieurs lancèrent de grands travaux dans le but d'améliorer
significativement la productivité du gisement avec le percement d'une galerie de
roulage, toujours visible à côté de la cascade du Rognon, et d'une bure reliant
la mine au travers-banc. Toutes les sorties étant centralisées, le minerai de
fer était alors évacué jusqu'à un port d'embarquement, nouvellement construit
également, et chargé sur des péniches en direction du Creusot par le canal du
Rhône au Rhin.
Malgré les coûteux aménagements effectués, la mine de Jay-Rouge fut jugée peu
rentable et abandonnée six ans plus tard, en 1872.
Mine de Jay-Rouge
période d'activité
de fin 1856 à 1872
localisation de la mine
à gauche de la sortie de la seconde galerie du
Rognon évacuant les eaux du Gour
localisation de la galerie de roulage
à gauche de la cascade du Rognon
superficie
0,02 hectare
altitude
entrée située à 316 mètres
inclinaison de la couche de minerai
16 degrés par rapport à l'horizontal dans un sens défavorable à son
exploitation
technique d'extraction
véritable labyrinthe creusé dans le versant de la montagne de
part et d'autre de la galerie d'entrée selon la méthode des
chambres et des piliers.
minerai évacué de la mine à l'aide d'une bure et
d'une galerie de roulage pour être chargé sur
des péniches.
haut fourneaux approvisionnés
Audincourt (Doubs) et Le Creusot (Saône-et-Loire)
production totale
inconnue
divers mine
entrée partiellement condamnée par un mur en parpaings.
accès désormais difficile et dangereux suite aux nombreux
glissements de terrain survenus dans les années 1990.
fond de la mine inondé lors de fortes pluies par
des infiltrations issues de la falaise. L'eau s'évacue par la
bouche d'aération de la mine située juste au-dessus de la sortie
de la seconde galerie d'évacuation des eaux du Gour.
divers galerie de roulage
entrée partiellement condamnée par un mur en parpaings.
visite fortement déconseillée du fait d'un air vicié à cause de
l'absence d'aérage. La bure étant bouchée par des madriers jetés à
la hâte, l'air ne circule plus entre la mine et ce
travers-banc.
La concession de Souvance et les mines de Froide-Oreille et d'Aigremont
Bien que de taille modeste (79 hectares), la concession de Souvance fut la
seule du bassin minier laisséen à compter deux exploitations. Grâce à la mine de
Froide-Oreille, elle peut se targuer d'avoir été la plus durable de
Franche-Comté et l'une des dernières en activité dans la région. Accordée en
1856, elle fut abandonnée quarante ans plus tard, en 1896. Et, surprenant, elle
ne connut seulement que deux propriétaires durant cette longue vie.
Concession de Souvance
date de création
décret impérial du 19 août 1856
Cliquez pour agrandir la carte.
date d'abandon
1896
date de résiliation
arrêté du Ministre de l'industrie, des PTT et du tourisme d'avril
1988
localisation
sur la rive droite du Doubs, sur la commune de Laissey
superficie
79 hectares
mines exploitées
mines de Froide-Oreille et d'Aigremont
Exploitants
décret impérial du 19 août 1856
Denis-Auguste Pelletier
9 juillet 1860
Denis-Auguste Pelletier
décret impérial du 22 juillet 1863
Denis-Auguste Pelletier
1864
Jean-François Sarrazin et son beau-frère Lucien Besson rachètent
la concession
1877
Société des mines de Souvance dirigée par Jean-François Sarrazin et
Lucien Besson
1884
la production décline et seule la mine de Froide-Oreille semble être
encore en activité, très réduite au demeurant
décret présidentiel du 25 juillet 1887
Jean-François Sarrazin et Lucien Besson
1889
Société Sarrazin fils et compagnie dirigée par Jean-François Sarrazin et
Lucien Besson
1896
faisant face à la rude concurrence de la minette lorraine, la Société
Sarrazin fils et compagnie cesse l'exploitation de la concession mettant
un terme définitif à toute activité d'extraction de minerai de fer sur
le bassin de Laissey
4 juillet 1900
décès de Jean-François Sarrazin à l'âge de 72 ans
1945
Électricité de France (EDF), les familles Besson, Sarrazin et Thiébaut
en restant malgré tout les propriétaires (nationalisation des Forges de
Franche-Comté)
avril 1988
fin de la concession par arrêté du Ministre de l'industrie, des PTT et
du tourisme (replacée dans la situation d'un gisement dit ouvert
aux recherches)
La mine de Froide-Oreille fut la plus durable de Franche-Comté et l'une des
dernières en activité dans la région. Creusée en 1856, elle fut abandonnée en
1896, soit quarante années plus tard, bien que la production ait été fortement
ralentie voire inexistante à partir de 1885 après un regain d'activité au début
des années 1880 suite à l'abaissement du prix de vente à 2,75 francs la
tonne de minerai. Plus grande exploitation du bassin minier laisséen, forte de
3 500 mètres de galeries souterraines, elle tient très certainement
son nom à l'air glacial qui y est ressenti devant l'entrée en hiver, mais
rafraîchissant en été !
Elle bénéficiait de deux atouts de taille qui expliquent peut-être sa grande
longévité : sa production pouvait être facilement exportée hors des frontières
régionales par trains ou par péniches. Ainsi, la galerie n° 1, la plus
longue avec près de 600 mètres, débouchait sur un ponton d'accostage sur le
canal du Rhône au Rhin, dont les vestiges sont toujours visibles. Quant à la
galerie n° 5, elle était raccordée à embranchement particulier du P.L.M.,
ancêtre de la SNCF.
De fait, les produits des galeries numéros 1 à 4 étaient expédiés par transport
fluvial et ceux des galeries numéros 5 à 12 l'étaient par transport ferroviaire.
Enfin, la légende raconte que du minerai de cette mine entra dans la composition
du fer puddlé des poutrelles qui servirent à bâtir le premier étage de la tour
Eiffel !
Mine de Froide-Oreille
période d'activité
de fin 1856 à 1896
localisation
le long de la route départementale n° 30 menant à Roulans, entre l'usine Bost et le passage à niveau
superficie
0,02 hectare
altitude
entrée située à 275 mètres
inclinaison de la couche de minerai
de 50 à 55 degrés par rapport à l'horizontal dans un sens favorable à son exploitation
technique d'extraction
douze galeries d'allongement parallèles sur douze niveaux creusées dans
le versant de la montagne et reliées par des cheminées pour
une longueur totale d'environ 3 500 mètres
haut fourneaux approvisionnés
Fraisans (Jura), Firminy (Loire) et Givors (Rhône)
production totale
de 1856 à 1860 : inconnue.
1861 : 19 114 tonnes.
1862 : 17 650 tonnes valant 65 160 francs.
1863 : 14 326 tonnes.
1864 : 1 788 tonnes.
de 1865 à 1879 : inconnue.
1880 : 6 000 tonnes.
1881 : 6 000 tonnes.
après 1882 : en forte régression voire inexistante.
divers
entrée condamnée par deux grilles de protection.
doit certainement son nom au fait qu'un air glacial est ressenti
devant l'entrée.
en juillet 2016, la S.N.C.F. a entrepris des travaux de
consolidation de la voûte de la galerie d'entrée en béton projeté.
Difficile de retracer un quelconque historique pour la mine d'Aigremont : elle
semble comme oubliée ! Non répertoriée officiellement, les autorités n'ont
même pas pris la peine de sécuriser son entrée principale par une grille de
protection ou un mur en parpaings comme pour les autres mines. Quant à sa
seconde entrée, elle s'est condamnée d'elle-même par un glissement de terrain.
Au vu de son exploitation artisanale et de son très mauvais état de
conservation, on peut cependant estimer qu'elle fut creusée vers 1856 par son
premier propriétaire, Denis-Auguste Pelletier, et abandonnée en 1864 au profit
de la seule mine de Froide-Oreille lors du rachat de la concession par
Jean-François Sarrazin et Lucien Besson.
Mine d'Aigremont
période d'activité
de fin 1856 à 1864
localisation
entrée principale : à côté de l'écluse d'Aigremont située à la sortie du village, côté Deluz.
entrée secondaire : sur le chemin qui mène au bas de Tremont.
superficie
inconnue
altitude
entrée principale située à 265 mètres.
entrée secondaire située à 275 mètres.
inclinaison de la couche de minerai
de 50 à 55 degrés par rapport à l'horizontal dans un sens favorable à
son exploitation
technique d'extraction
X galeries parallèles sur X niveaux creusées dans le versant
de la montagne et reliées par des cheminées.
minerai des galeries supérieures évacué près de l'entrée
secondaire à l'aide d'un couloir de descente à ciel ouvert.
haut fourneaux approvisionnés
inconnus
production totale
inconnue
divers
entrée principale libre d'accès.
entrée secondaire condamnée par un glissement de terrain.
mine en mauvais état de conservation dû à une exploitation
très artisanale (nombreux affaissements de voûtes des galeries).
La concession de Roulans et la mine de Roulans
La concession de Roulans fut la dernière du bassin minier laisséen à être
accordée par l'État en 1863. Connaissant une période d'activité très courte,
elle fut abandonnée dès la fin des années 1860, car ses seuls et uniques
propriétaires, Jean-François Sarrazin et Lucien Besson, préférèrent concentrer
leurs moyens sur la concession de Souvance rachetée en 1864 et, en particulier,
sur la mine de Froide-Oreille, autrement plus productive et rémunératrice.
Concession de Roulans
date de création
décret impérial du 22 juillet 1863
Cliquez pour agrandir la carte.
date d'abandon
fin des années 1860
date de résiliation
arrêté du Ministre de l'industrie, des PTT et du tourisme d'avril
1988
localisation
sur la rive droite du Doubs, sur les communes de Laissey et
de Roulans
superficie
276 hectares
mine exploitée
mine de Roulans
Exploitants
décret impérial du 22 juillet 1863
Jean-François Sarrazin et Joseph-Auguste Mercier
1877
Société Sarrazin fils et compagnie dirigée par Jean-François Sarrazin et
son beau-frère Lucien Besson, ce dernier ayant racheté les parts de
Joseph-Auguste Mercier à sa mort
décret présidentiel du 25 juillet 1887
Jean-François Sarrazin et Lucien Besson
4 juillet 1900
décès de Jean-François Sarrazin à l'âge de 72 ans
1945
Électricité de France (EDF), les familles Besson, Sarrazin et Thiébaut
en restant malgré tout les propriétaires (nationalisation des Forges de
Franche-Comté)
avril 1988
fin de la concession par arrêté du Ministre de l'industrie, des PTT et
du tourisme (replacée dans la situation d'un gisement dit ouvert
aux recherches)
Creusée fin 1863, la mine de Roulans eut une période d'activité de quelques
années seulement et fut abandonnée dès la fin des années 1860. Peu satisfaits de
la rentabilité du gisement, ses propriétaires, Jean-François Sarrazin et Lucien
Besson, préférèrent tout miser sur la mine de Froide-Oreille rachetée en 1864 et
qui présentait tous les atouts d'un bien meilleur retour sur investissements à
moyen terme.
De plus, la construction de la ligne ferroviaire de Dijon à Mulhouse avait
également fortement perturbée son exploitation, la compagnie du P.L.M. s'étant
opposée à l'ouverture de cheminées d'aération donnant sur le talus de la voie
ferrée.
Mine de Roulans
période d'activité
de fin 1863 à la fin des années 1860
localisation
à gauche du terrain de football de Laissey
superficie
inconnue
altitude
entrée située à 260 mètres
inclinaison de la couche de minerai
de 55 à 62 degrés par rapport à l'horizontal dans un sens favorable
à son exploitation
technique d'extraction
quatre galeries d'allongement parallèles sur quatre niveaux creusées
dans le versant de la montagne
haut fourneaux approvisionnés
Givors (Rhône) et Rive-de-Gier (Loire)
production totale
inconnue
divers
entrée condamnée par une grille de protection.
mine en mauvais état de conservation dû à une exploitation
très artisanale (nombreux affaissements de voûtes des galeries).
en juillet 2016, la S.N.C.F. a entrepris des travaux de nettoyage
et de sécurisation de l'entrée de la mine.
Les concessions voisines
Le bassin minier ferrifère laisséen est l'un des plus importants de
Franche-Comté. Et, malgré ce que son nom laisse sous-entendre, il s'étend bien
au-delà des frontières de la commune, vers l'est en direction de Aïssey et vers
le nord en direction du Val-de-Roulans et ce jusqu'aux gîtes des collines
préjurassiennes du Val de l'Ognon.
Outre les besoins en main d'œuvre qui donnèrent du travail à de nombreux
journaliers des alentours, certaines mines furent exploitées dans des villages
proches de Laissey. Ce fut bien évidemment le cas de la concession de Laissey
dont la majeure partie de la surface couverte était, en fait, située sur le
territoire de Champlive.
Ainsi, à deux kilomètres au sud-ouest de Laissey, une concession de
128 hectares fut accordée sur le village de Deluz à un maître de forges
haut-saônois, Pierre-Joseph Ménans.
Concession de Deluz
date de création
décret impérial du 31 mars 1858
date d'abandon
1878
date de résiliation
décret du 29 mai 1920
localisation
sur la rive droite du Doubs, sur les communes de Deluz et de Roulans
superficie
128 hectares
mine exploitée
mine de Deluz
Exploitants
décret impérial du 31 mars 1858
Pierre-Joseph Ménans, maire de Gy (Haute-Saône) et maître de forges
date inconnue
Joseph Cochet
décret du 29 mai 1920
renonciation de la concession par Joseph Cochet, juge de paix du canton
Sud de Besançon
Au lieu-dit Sous-Roches, Pierre-Joseph Ménans exploita la mine Deluz pour
alimenter ses hauts fourneaux des Forges de Grand-Valay situés à Valay
(Haute-Saône). Bien que élevée à ses débuts (27 500 tonnes extraites
en 1862 générant un chiffre d'affaires de 102 120 francs), la
production diminua très rapidement et la mine fut abandonnée en 1878. A son
apogée, elle occupa jusqu'à soixante-dix ouvriers.
Mine de Deluz
période d'activité
de la fin des années 1850 à 1878
localisation
le long de la route départementale n° 266 au lieu-dit Sous-Roches,
sous les rochers du château Loriot
superficie
0,02 hectare
altitude
entrée située à 279 mètres
inclinaison de la couche de minerai
inconnue
composition chimique
identique aux autres mines du bassin minier ferrifère laisséen
technique d'extraction
dix galeries sur plusieurs niveaux creusées selon la méthode des chambres et des piliers
haut fourneaux approvisionnés
Forges de Grand-Valay à Valay (Haute-Saône) puis Chasse-sur-Rhône ou
Givors (Rhône) et Rive-de-Gier (Loire)
production totale
avant 1862 : inconnue.
1862 : 27 500 tonnes valant 102 120 francs.
après 1862 : inconnue.
Ci-dessous, la reproduction d'un document rare : une lettre manuscrite écrite le
5 septembre 1870 par Joseph Cochet. Elle concerne l'expédition par
voie ferroviaire d'un chargement de 94 tonnes de minerai de la mine de
Deluz à la société Ferdinand De La Rochette & Cie à Givors.
Deluz 5 septembre 1870
Messieurs F. De La Rochette et Cie à Givors
Ci-joints, j'ai l'honneur de vous remettre 4 récépissés du
chemin de fer du 1 au 4 de septembre et comprennent pour ensemble
12 wagons minerais pesant ensemble 94 tonnes, 570 kilogrammes.
Ci-joints, j'ai l'honneur de vous remettre 4 récépissés du chemin de
fer du 1 au 4 de septembre et comprennent pour ensemble 12 wagons
minerais pesant ensemble 94 tonnes, 570 kilogrammes.
Agréez, messieurs, mes saluts empressés.
J. Cochet
Quelques kilomètres un peu plus loin, également au sud-ouest de Laissey, des
affleurements de minerai furent exploités sur la commune de Vaire-Arcier dès le
début du XIXème siècle pour alimenter le petit haut fourneau au bois
de la Grâce-Dieu à Aïssey. Puis, par décret impérial du 28 décembre 1864, la
concession de Grand-Vaire fut créée et accordée à la Compagnie des hauts
fourneaux et forges de Franche-Comté pour approvisionner leurs installations de
Fraisans. Guère rentable, elle ne fut exploitée que quelques années seulement.
Concession de Grand-Vaire
date de création
décret impérial du 28 décembre 1864
Cliquez pour agrandir la carte.
date d'abandon
fin des années 1860
date de résiliation
décret du 15 avril 1936
localisation
sur la rive gauche du Doubs, sur la commune de Vaire-Arcier, dans
les bois de la Côte du Mont
superficie
330,96 hectares
mines exploitées
mines de Grand-Vaire et de la côte de Vaîte
haut fourneaux approvisionnés
Aïssey (Doubs) et Fraisans (Jura)
Exploitants
avant 1830
pas de réelle exploitation commerciale, mais quelques pauvres bougres
remplissant des paniers de minerai à ciel ouvert
décret impérial du 28 décembre 1864
Compagnie des hauts fourneaux et forges de Franche-Comté contre :
une redevance annuelle d'exploitation de 0,30 francs par hectare.
une rétribution de 0,10 francs par mètre cube extrait.
décret du 15 avril 1936
renonciation de la concession par la Société anonyme des hauts
fourneaux, fonderies et forges de Franche-Comté
Enfin, plus proche de la Haute-Saône, plusieurs mines ont été exploitées à
Avilley, Battenans-les-Mines, Bournois, Gondenans-les-Moulins, Gouhelans,
La Tour-de-Sçay, Montussaint, Puessans, Rougemontot, Tallans, Uzelle, Vergranne
et Voillans. Elles alimentaient les hauts fourneaux au bois de la Vallée de
l'Ognon de Breurey-lès-Faverney, Fallon, Larians, Loulans, Montagney, ... mais
également ceux de Clerval. Aucunes de ces exploitations n'eurent l'importance de
celles de Laissey : en 1862, seulement 300 tonnes furent extraites à
Bournois avec trois ouvriers et 3 372 tonnes à Rougemontot avec l'aide
de trente-deux ouvriers.
Il est à noter que s'il existe bien une mine sur la commune voisine
d'Ougney-la-Roche, ce n'est pas une mine de fer, mais de gypse, matériau utilisé
pour la fabrication du plâtre. Ce fut l'une des vingt-trois carrières de ce type
que compta le département du Doubs.
Exploitée dans les années 1840, seule une galerie horizontale d'une centaine de
mètres fut creusée dans le sens nord-ouest - sud-est, perpendiculairement à la
direction générale de l'affleurement et du cours du Doubs. Très marneux, le
gypse extrait n'avait pas une grande valeur marchande et la mine fut rapidement
abandonnée.
Une tentative de reprise de l'exploitation fut engagée en 1899 par la Société
anonyme des hauts fourneaux, fonderies et forges de Franche-Comté à la demande
du propriétaire de l'époque, M. Guyard, dans le but d'exploiter cette fois-ci du
lignite, une roche sédimentaire intermédiaire entre la tourbe et la houille et
qui est toujours subordonnée au gypse.
Bibliographie
Annales des mines, cinquième série, tome X (Ministère des travaux
publics, 1856).
Annuaire du Doubs et de la Franche-Comté (Paul Laurens, 1858).
Annales des mines, sixième série, tome III (Ministère des travaux
publics, 1863).
Itinéraire général de la France, de Paris à la Méditerranée
(1863).
Statistique géologique, minéralogique et minéralurgique des
départements du Doubs et du Jura (Henri Résal, 1864).
Jurisprudence générale, recueil périodique et critique, volume de
1888, deuxième partie, Cours d'appel.
Notice sur les mines de fer de Laissey (Doubs) : projet
d'établissement de haut fourneau (F.S., 1894).
Les gîtes minéraux et métallifères et les eaux minérales du
département du Doubs (Antoine Merle, 1905).
Houille triasique sur le versant nord-ouest du Jura (Robert
Dormois et Jean Ricours, 1943).
Note sur les mines de fer de la région de Laissey
(J. Servant et M. Regard, 1957).
Les Forges de Fraisans (Gabriel Pelletier, 2004).
La stratégie des Schneider, du marché à la firme intégrée (1836-1914)
(Jean-Philippe Passaqui, 2006).
Entretiens avec Jean Sarrazin (J.-M. Gautherot, 2010).
L'emploi et la formation dans la métallurgie en Franche-Comté
(Observatoire de la métallurgie, 2012).
Registres du commerce de Laissey (1877, 1889, 1906, 1917, 1921 et 1933).
article du quotidien L'Est Républicain du 5 mai 1988.
bulletins municipaux du village de Laissey.
crédits photographiques :
droits réservés pour les ayants droit non identifiés.
avec l'aimable autorisation de M. Stanislas Thouret pour la
photographie du morceau de rail de la mine de Roulans.